Un chemin retrouvé

Suivant un tracé remontant au plus profond des âges de notre région, à l’époque où les hommes ne croyaient pas encore en Dieu, mais dans les forces de la Nature. Ils marchaient en suivant les veines de la Terre afin de la relier au Ciel.

 

Plus tard, d’autres hommes empruntèrent ces voies vers d’autres sanctuaires, chrétiens cette fois, jusqu’à Saint Jacques de Compostelle, la fin de la terre d’Europe, traçant comme leurs ancêtres des veines de sens et de liaison.

 

Symbole de la pérennité de la pratique du pèlerinage, la Voie d’Ardenne a resurgi de l’oubli. Partons à sa découverte, replongeons-nous dans son mystère, marchons…

Vibrations

Photo du rocher de Falize
rocher de Falize

Tout le corps humain est parcouru de vaisseaux sanguins et d’un système nerveux. De la même façon, notre planète est irriguée par des cours d’eau souterrains qui sillonnent l’écorce terrestre. Elle est aussi parcourue par des courants magnétiques qui sont des phénomènes de vibration.


En certains points de la planète, des roches granitiques primaires plongent dans le magma, diffusant des vibrations jusqu’à la surface de l’écorce terrestre. Les courants magnétiques qui parcourent notre planète forment, en quelque sorte, un maillage avec des points magnétiques où les intensités sont plus fortes. Entre ces points se forment des axes véhiculant le magnétisme terrestre.


Menhirs, dolmens, cathédrales, pyramides…sont des centres d’énergie par lesquels sont canalisées ces forces telluriques afin d’entrer en interférence avec les forces cosmiques pour créer des hauts lieux vibratoires.


Les circuits initiatiques empruntent les points forts du magnétisme terrestre où le pèlerin s’imprègne des énergies cosmo-telluriques afin d’élever son propre taux vibratoire et libérer certains blocages.

L'énergie et l'homme

Les hommes de tout temps ont représenté cette énergie tellurique sous la forme du serpent ou du dragon souterrain. Dans certaines régions il fut appelé Mélusine ou encore Vouivre. En parcourant l’échine de la terre, la Vouivre aspire à rejoindre son complémentaire, l’énergie cosmique. Tout ce qui vit entre Terre et Ciel est voué à ces deux formes d’énergie, et l’homme est le pivot, le lien les rassemblant et les unissant en lui.

L'Ardenne et Arduinna

L’Ardenne est en liaison directe avec le noyau de la terre grâce à ses roches datant de l’ère primaire. Entre les trois pôles de l’Ardenne courent des lignes de force. Reliant ces lignes de force, la dorsale d’Arduinna est comme une colonne vertébrale irriguant des forces telluriques puissantes. Elle menait en des temps immémoriaux les pèlerins vers la colline sacrée de la déesse Arduinna à Margut. C’est sur cette dorsale que des pèlerins de Compostelle ont marché durant le moyen-âge chrétien. C’est ce chemin que la Via Arduinna veut faire revivre.


Chez les gaulois et leurs prédécesseurs, les divinités représentaient l’esprit des diverses forces vives de la nature. Âme de l’Ardenne, Arduinna représentait l’esprit de cette région, de sa terre, de ses forêts, de ses rivières… De nature féminine, elle est une déesse-mère, une incarnation de la Terre-Mère dont le culte remonte à l’âge de la pierre. Aujourd’hui encore, après des siècles de christianisation et d’abandon des religions païennes,  son nom existe toujours et véhicule toujours autant d’imaginaire.


Car la Terre ne meurt jamais et les hommes peuvent toujours sentir cette Terre sous leurs pieds…

Compostelle par l'Ardenne

Au moyen âge, l'appel de Compostelle pousse des pèlerins en nombre sur les chemins. Ils vont naturellement emprunter les voies séculaires qui traversent leur région. L' Ardenne, malgré son apparence austère et inhospitalière, était elle aussi parcourue de voies de communications utilisées par les pèlerins, comme en témoignent les travaux de Léon Marquet. Parmi ces chemins, on retrouve le tracé de l'axe tellurique suivi depuis le fond des âges.

 

En superposant les données médiévales, pré-chrétiennes et les cartes topographiques actuelles, le tracé apparut clairement. Et un itinéraire fut dessiné, réhabilitant l'antique voie.

 

A cette voie initiale, reliant Malmedy au Mont-Saint-Walfroy, deux branches se sont greffées à l'époque médiévale en raison du rayonnement de leur cité de départ: Liège et Aix-la-Chapelle. Au coeur de l'Ardenne, c'est Saint-Hubert qui draina les pèlerins, créant une variante à l'axe originel.

De l'Ardenne à Vézelay

La partie belge de la Via Arduinna se termine à Orval. Au-delà, l'objectif suivant pour les pèlerins se situe en Bourgogne, sur la colline éternelle de Vézelay.

Un itinéraire a été tracé, en prolongeant l'axe suivi en Belgique. Suivant d'anciens chemins, il relie les hauts-lieux du nord meusien puis file à travers l'est de la Marne jusqu'aux abords de Vitry-le-François. Là, le GR654 conduit à Vézelay, point de départ d'une des routes principales pour Compostelle.